La notion de communs

2. Communs ? Vous avez dit communs ? Comme c'est bizarre !

2.6. Les communs pour relever les défis de l'anthropocène ?

Les communs se caractérisent donc par le lien étroit avec les fonctions collectivement reconnues à certaines choses et avec ces pratiques sociales capables d’agencer leur accès, leur partage et leur préservation pour les générations futures. Le commun constituerait un processus politique qui engendre, organise et institue les différents communs. 

Des nombreuses recherches et expériences récentes considèrent comme des communs urbains 

  • les parcs, les jardins, les lieux en friche 
  • les lieux de production culturelle (tels que les théâtres, les cinémas ainsi que les lieux informels de production culturelle) 
  • les lieux de production sociale (les places, les lieux de rassemblement), 
  • le patrimoine culturel, artistique, scientifique, les bibliothèques
  • certaines infrastructures matérielles et immatérielles et certains services urbains, les données numériques, les logements sociaux. 

Même les déchets sont considérés comme des communs car résultant des interactions urbaines et, délaissés de tous intérêts propriétaires, ils peuvent néanmoins constituer des ressources cruciales pour les populations urbaines marginalisées.

Exemples de communs urbains

The Noun Project (Y. Kwon, B. Davis, E. Harrison, Turkub, Mitochondrial, PDP. Hung, J. Mujica, Manohara, Iconesia, Vectors Market, Faisalovers), Police Open Sans Pro, Licence CC BY SA


Ainsi, même des lieux destinés à l’usage privé peuvent relever du commun car ils peuvent être gérés de manière auto-organisée et inclusive. On trouvera alors des communs du point de vue purement interne pour leur attitude à favoriser le partage et la collaboration entre copropriétaires plutôt que la propriété individuelle. Ainsi, des lieux de vie privée gérés collectivement pourront participer à des finalités urbaines, écologiques et solidaires plus vastes comme certaines expériences d’habitats participatifs, de Community Land Trust ou des organismes de foncier solidaire.

Les communs urbains peuvent être des biens ou des services, publics ou privés, leur caractère commun dépendant essentiellement des fonctions qu’ils peuvent remplir socialement et de l’action collective qui les investit en revendiquant leur prise en charge directe et leur mise en commun.

Si les politiques d’aménagement prévoient traditionnellement la conformation de la propriété privée afin d’organiser l’espace dans l’intérêt collectif, cette capacité de médiation politique est souvent sacrifiée à une vision purement économique du foncier urbain. Envisager l’espace urbain en tant que commun signifie, dans le prolongement de luttes pour le droit à la ville, protéger la ville de toutes opérations publiques, privées ou plus souvent menées en partenariat publique-privé, qui détermine sa croissante marchandisation pour revendiquer sa destination collective.

Les théories des communs, en prenant en considération aussi bien la reproduction d’une communauté que la préservation d’une ressource pour des générations futures, ont l’ambition de s’inscrire dans la temporalité longue des relations entre une communauté et son milieu.