Pourquoi se fixe-t-on l'objectif de maintenir le réchauffement sous 2°C ?

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Cours: Le système Terre à l'anthropocène
Livre: Pourquoi se fixe-t-on l'objectif de maintenir le réchauffement sous 2°C ?
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Date: mardi 23 juillet 2024, 00:24

Description

1. A propos de la séquence

Acquis d'apprentissage

  • Être capable d’aborder une figure ou un document extrait des rapports du GIEC
  • Être capable de présenter les principaux impacts et risques du changement climatique
  • Avoir des points de repère sur les impacts associés à des niveaux de réchauffement global croissants (de 1°C à 5°C par rapport à la référence préindustrielle)
  • Être capable de décrire des impacts géographiquement différenciés
  • Être capable de donner des exemples de mesures possibles d’atténuation et d’adaptation
  • Connaître l’article 2 de l’accord de Paris

2. Les principaux impacts et risques associés au réchauffement climatique

On peut schématiquement distinguer les impacts du changement climatique sur les écosystèmes et sur les sociétés humaines, tout en notant que ces derniers ne sont pas indépendants.

Impacts sur les écosystèmes

Le changement climatique est la 3e cause de dégradation de la biodiversitéRéférence bibliographique. Cela se manifeste par :

  • des atteintes aux biotopes, telles que la disparition de zones humides, de glaciers et de la banquise, l’acidification et l’élévation de la température des océans, des phénomènes de désertification, la multiplication des mégafeux, la fonte du pergélisol, etc. ;
  • la migration des espècesRéférence bibliographique : les espèces tentent de se déplacer vers le nord ou vers des altitudes plus élevées, pour essayer de garder un climat comparable, mais elles ne le peuvent pas toujours, parce que l’espace est plus limité ou inexistant en altitude, ou parce qu’elles ne parviennent pas à se déplacer suffisamment vite (cas des arbres par exemple) ;
  • le changement climatique a un impact sur la phénologie des êtres vivants, avec des conséquences sur la survie et la reproduction des espèces.
Tableau issu du 6e rapport du GIEC décrivant les impacts du changement climatique sur les écosytèmes

Source GIEC. Traduction Bon Pote. Licence CC 4.0

Impacts sur les sociétés humaines

Les épisodes de canicule et de sécheresse, les tempêtes et inondations, l’élévation du niveau des mersRéférence bibliographique, etc., ont notamment des conséquences sur :

  • la sécurité alimentaire (impacts sur l’agriculture et la pêche) et l’approvisionnement en eau ;
  • la santé : surmortalité liée à la chaleur et à l’humidité, exposition accrue à des maladies infectieuses, malnutrition…
  • les villes, les infrastructures et installations humaines.

Ces impacts sur les conditions de vie se traduisent par un accroissement des migrations climatiques.

Tableau issu du 6e rapport du GIEC montrant les impacts du changement climatique sur les systèmes humains
Source : GIEC. Traduction Bon Pote. Licence CC 4.0

2.1. L’accord de Paris et le rapport spécial du GIEC sur le réchauffement planétaire de 1,5°C

La COP 21 (2015) a abouti à l’accord de ParisRéf. biblio, dont l’article 2 (ci-dessous) fixe l’objectif de maintenir l’augmentation des températures mondiales bien en dessous de 2°C et si possible 1,5°C, par rapport aux niveaux dits « préindustriels » (le GIEC utilise comme référence la température planétaire moyenne sur la période 1850-1900Référence bibliographique). Cet objectif a été fixé sur la base de l’évaluation des risques associés à un réchauffement croissant.

Article 2

1. Le présent Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de son objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en :

a) Contenant l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques ;

b) Renforçant les capacités d'adaptation aux effets néfastes des changements climatiques et en promouvant la résilience à ces changements et un développement à faible émission de gaz à effet de serre, d'une manière qui ne menace pas la production alimentaire ;

c) Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d'évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques.

2. Le présent Accord sera appliqué conformément à l'équité et au principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux différentes situations nationales.

Source : Accord de Paris - Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (2015)

Le choix d’un objectif de limitation du réchauffement « nettement en dessous de +2°C » et, si possible, à 1,5°C, résulte d’un compromis entre la réduction des risques et la difficulté à suivre une trajectoire compatible avec ces niveaux de réchauffement.

Le rapport spécial du GIEC « Réchauffement planétaire de 1,5°C », élaboré à la demande de la COP 21, documente les conséquences d’un tel niveau de réchauffement, ainsi que les trajectoires correspondantes d’émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce rapport indique ainsi :

  • « Les risques liés au climat auxquels sont exposés les systèmes naturels et humains sont plus élevés pour un réchauffement planétaire de 1,5 °C qu’à présent, mais moins élevés que pour un réchauffement de 2 °C (degré de confiance élevé). Ces risques sont fonction de l’ampleur et du rythme du réchauffement, de la région considérée, du niveau de développement et du degré de vulnérabilité, ainsi que des options retenues en matière d’adaptation et d’atténuation et de leur mise en œuvre (degré de confiance élevé) ».Référence bibliographique
  • « Il serait possible d’éviter un plus grand nombre d’impacts du changement climatique sur le développement durable, l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités si le réchauffement planétaire était limité à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C, en tirant profit au maximum des synergies en matière d’atténuation et d’adaptation et en réduisant autant que possible les risques d’effets indésirables (degré de confiance élevé) ».Référence bibliographique

Le rapport indique également que limiter le réchauffement à 1,5°C nécessite des transformations rapides et radicales :

  • « Les trajectoires qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement minime exigeraient des transitions rapides et radicales dans les domaines de l’énergie, de l’aménagement des terres, de l’urbanisme, des infrastructures (y compris transports et bâtiments) et des systèmes industriels (degré de confiance élevé) ».Référence bibliographique

2.2. Notions d'atténuation et d'adaptation

Pour minimiser les impacts et les risques du changement climatique, deux approches complémentaires peuvent (et doivent) être utilisées : l’atténuation et l’adaptation. Le GIEC en donne les définitions suivantes :

Atténuation (du changement climatique)
Intervention humaine visant à réduire les émissions ou à renforcer les puits de gaz à effet de serre.
Adaptation

Pour les systèmes humains : démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu ainsi qu’à ses conséquences, de manière à en atténuer les effets préjudiciables et à en exploiter les effets bénéfiques. 

Pour les systèmes naturels : démarche d’ajustement au climat actuel ainsi qu’à ses conséquences ; l’intervention humaine peut faciliter l’adaptation au climat attendu et à ses conséquences.

Les graphiques ci-dessous présentent les risques associés à différents niveaux de réchauffement, correspondant eux-mêmes à différents scénarios d’évolution socio-économique, du plus sobre en émissions de gaz à effet de serre (limitant le réchauffement en dessous de 1,5°C) au plus émissif (+5°C en 2100). La figure illustre ainsi de manière très synthétique les effets combinés de l’atténuation (par le biais de la trajectoire socio-économique considérée) et de l’adaptation (sous-figures (a) à (e)).

Risques mondiaux et régionaux liés à l'augmentation des niveaux de réchauffement planétaire

Source : GIEC. Traduction : Bon Pote. Licence CC 4.0

La sous-figure (f) donne quant à elle des exemples de déclinaisons des risques à l’échelle régionale, illustrant de grandes disparités d’une région à l’autre.

(f) Exemples de risques-clés régionaux

L'absence de diagrammes de risques n'implique pas l'absence de risques dans une région. L'élaboration de diagrammes synthétiques pour les petites îles, l'Asie et l'Amérique centrale et du Sud a été limitée en raison de la rareté des projections climatiques à échelle réduite, de l'incertitude quant à la direction du changement, de la diversité des climatologies et des contextes socio-économiques dans les pays d'une même région, et du petit nombre de projections d'impact et de risque pour différents niveaux de réchauffement qui en découle.

Source : GIEC. Traduction : UVED. Licence CC 4.0

Les risques énumérés ci-dessous ont un niveau de confiance au moins moyen (faire défiler les diapos pour accéder aux risques pour les différents endroits concernés).

Source : GIEC. Traduction : UVED. Licence CC 4.0


On peut remarquer que les habitants les plus pauvres (essentiellement dans les pays du Sud) sont dans l’ensemble plus vulnérables aux risques d’origine climatique, dont la responsabilité historique incombe davantage aux habitants les plus riches (essentiellement dans les pays du Nord). Il est à cet égard intéressant de relire le 2e alinéa de l’article 2 de l’accord de Paris, qui évoque « l’équité et [le] principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux différentes situations nationales ».

4. Ressources complémentaires

Références bibliographiques / webographiques

Rapports
Articles
Texte officiel

5. Crédits

Cette leçon fait partie du Socle commun de connaissances et de compétences transversales sur l'anthropocène (S3C), produit par la Fondation UVED et soutenu par le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

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Première édition :  octobre 2023