Quelles initiatives de la part de la société civile ?

Site: Plate-forme d'Enseignement de Nantes Université
Cours: Les modes d'action en anthropocène
Livre: Quelles initiatives de la part de la société civile ?
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: mardi 23 juillet 2024, 00:22

Description

1. A propos de la séquence

Acquis d'apprentissage

  • Connaître l'histoire, les rouages et les formes de contestation des associations de protection de la nature.
  • Appréhender la diversité du tissu associatif en matière de préservation de l'environnement.
  • Identifier les contributions possibles des associations environnementales aux projets territoriaux de développement durable.

2. L'implication des organisations de la société civile

Si les États sont au cœur ou au centre des COP en tant qu’arène de négociations qui structurent la lutte contre les changements climatiques, ils ne sont pas pour autant les seuls acteurs. Au fil des COP, les organisations de la société civile (OSC) ont pris une place et une part considérable dans les négociations : 

  • soit en étant intégrées/insérées dans les COP aux côtés des États, en marge des négociations interétatiques
  • soit en constituant leurs propres arènesRéf. biblio

Ces OSC, très hétérogènes, sont organisées en groupes et réseaux soulignant leur diversité. Des ONG sont associées aux fondations humanitaires, aux think tanks, aux syndicats, aux églises, aux chercheurs, etc. Les OSC s’expriment non seulement à titre individuel, mais aussi à travers les réseaux qui les représentent ou les fédèrent, par exemple le Climate Action Network, ou le réseau Climate Justice Now ! Certaines OSC et leurs réseaux, en tant qu’arènes subsidiaires (c’est-à-dire complémentaires tout en jouant un rôle secondaire) organisent des off ou des side-events (réunions, conférences, événements médiatiques, événements médiatiques, plus ou moins informels), pour médiatiser et rendre visibles des sujets spécifiques ou des angles morts des négociations (la question des forêts, celle des océans, celle des peuples autochtones, l’adaptation, la compensation, les énergies fossiles, la finance, etc.).

2.1. Evolution des mobilisations

Depuis 2015, on assiste à une évolution majeure caractérisée par une multiplication des fronts de mobilisation, avec la multiplication des actions par le bas, sur le terrain. Ceci décentre le regard par rapport à l’arène onusienne, qui, pour les OSC, n’est plus l’alpha et l’oméga, ni le cœur ou le lieu névralgique de l’orchestration de la lutte contre les changements climatiques. 

La nouvelle génération d’OSC (Just Stop Oil, Fridays for future, Extinction Rébellion) mise sur la pression sur des décideurs, sur des entreprises, sur des acteurs « clés », en politisant et en radicalisant le débat, parfois sur la base des rapports du GIEC, soulignant ainsi l’importance de la prise en compte des travaux scientifiques. 

Parallèlement aux actions (grèves pour le climat, blocages et sit in, coups d’éclat, etc.), d’autres organisations de la société civile, plus anciennes et/ou plus structurées, judiciarisent la lutte contre les changements climatiques, en portant plainte contre des États. C’est ce qui s’est passé par exemple en France, avec l’Affaire du Siècle, procédure judiciaire inédite engagée en 2018 contre l’État français, accusé d’inaction climatique, par quatre ONG (Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France). Trois de ces ONG (Notre Affaire à Tous, Greenpeace France et Oxfam France) poursuivent l’action judiciaire en demandant des réparations à l’État français, reconnu coupable d’actions insuffisantes par rapport à ses engagements pour le climat.

De COP en COP, des liens et des interconnexions sont déployés entre les États, leurs coalitions et les OSC, ce qui entraine l’hybridation des arènes et des négociations, avec la circulation des concepts entre l’arène principale et les arènes subsidiaires. Les demandes de justice climatique et de compensation pour les pertes et les dommages subies par des États et des populations déjà victimes des changements climatiques ont émergé dans des arènes subsidiaires au cours des années 2000Réf. biblio. Elles ont ensuite été prises en compte dans l’arène principale, en 2015, dans l’Accord de Paris, qui mentionne la justice climatique dans le préambule, et consacre plusieurs passages de l’Accord aux pertes et dommages.

2.2. Les autres formes de mobilisation

Les conventions citoyennes

Les conventions citoyennes sont un exemple. A la suite de la CCC (Convention Citoyenne pour le Climat)URL externe de 2021, plusieurs collectivités locales ont organisé des conventions citoyennes dans le cadre de l’élaboration de leur Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET).URL externe

Cependant, il importe de s’accorder et de fixer clairement le cadre de telles démarches de démocratie participative : comment seront prises en considération les propositions, comment seront-elles retenues, etc…

Les associations

Outre ce mode d’association de la société civile à l’initiative de l’autorité publique, celle-ci peut aussi s’auto-saisir d’un sujet, d’un enjeu spécifique. Ces initiatives naissent généralement d’une volonté d’actions concrètes sur le terrain au plus près des publics cibles, soit en relai de politiques publiques, soit en opposition à des politiques publiques. Parmi ces associations qui œuvrent en relai des acteurs publics, nous pouvons mentionner : 

  • L’association Zero Waste France, qui sensibilise à la réduction des déchets (promotion du vrac, réduction des déchets alimentaires, …). 
  • HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) milite contre l’obsolescence programmée des équipements électriques et électroniques. 

Elles se font aussi critiques au regard de la politique publique, concernant le temps de l’action, les délais de mise en œuvre, de déploiement sur le terrain, de retombées objectivables et quantifiables. Cette posture peut se traduire par l’élaboration de plaidoyers, la publication de rapports, des actions en justice ou des manifestations, protestations sur un site, dans la rue. Toujours sur le sujet de l’obsolescence programmée, nous pouvons citer le rapport d’enquête de l’association HOP et sa plainte déposée concernant les imprimantes et l’application de l’indice de réparabilité. Ces rapports, parfois, se traduisent dans des lois. Ainsi, le travail de l’association HOP, sa contribution à la feuille de route sur l’économie circulaire, a contribué à la mise en place du bonus réparation. Ces associations acquièrent une certaine légitimité. Elles sont parfois associées aux travaux d’élaboration d’outils.

Les syndicats et entreprises

Il existe également des mobilisations du tissu économique telles que la CEC (Convention des Entreprises pour le Climat) de 2022, qui se décline dans les régions et sur des thématiques dédiées, ou encore le Grand défi relatif à la transition écologique de manière générale.

Dans le paysage des syndicats, un jeune syndicat se démarque par l’attention centrale qu’il porte à ces enjeux écologiques : Printemps écologique.

2.3. Conclusion

Grâce aux OSC et aux réseaux qu’elles ont constitués, la question de la justice climatique, longtemps soulevée et défendue par ces organisations, a gagné en visibilité lorsque, en 2015, elle a été mentionnée dans l’Accord de Paris. Elle n’est plus seulement traitée dans des arènes subsidiaires, mais aussi dans l’arène principale qu’est la COP. Autour de la justice climatique, la reconfiguration de la lutte contre les changements climatiques agrège plusieurs questions articulant le social et l’écologique, le global et le local, les droits humains et les droits de la nature, la réparation ou la compensation des pertes et des dommages, les alternatives ou les solutions citoyennes, etc.

Grâce aux OSC, très actives en marge des COP, la justice climatique est devenue un sujet majeur, objet de préoccupations foisonnantes mais convergentes sur la nécessité de sortir de la léthargie politique des États, pour s’attaquer à la racine du « problème climat », avec des solutions concrètes et efficaces ne reposant pas sur le capitalisme ou sur le néolibéralisme économique, ni sur les technologies, mais sur la transformation des modes de vie et de production. De nombreuses publications récentes rendent compte et analysent l’émergence de la justice climatique, soulignant notamment ses fondements moraux et philosophiquesRéf. biblio, ses repères et ses caractéristiques épistémiques, y compris ses dimensions géographiquesRéf. biblio, mais aussi l’interpellation du politique par les citoyensRéf. biblio.

3. Idées d'activités

Jeu de plateau

  • Traité ZZ : jeu de réflexion autour de l’Économie Sociale et Solidaire (perspective internationale)

4. Ressources complémentaires

Références bibliographiques / webographiques

Ouvrages
  • Bourban M., 2018. Penser la justice climatique, Paris, Presses universitaires de France.
  • Laigle, L., Moreau, S., 2018. Justice et environnement: les citoyens interpellent le politique. Paris, Infolio éditions.
  • Morena E., 2023. Mouvements pour le climat et gouvernance climatique. Dans Mobilisations écologiques, sous la direction de Comby J.B. et Dubuisson-Quellier S., PUF, p.19-33.
Articles
Sites web

5. Crédits

Cette leçon fait partie du Socle commun de connaissances et de compétences transversales sur l'anthropocène (S3C), produit par la Fondation UVED et soutenu par le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

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Première édition :  octobre 2023
Dernière mise à jour : décembre 2023