2. D'où vient le concept de "logique du vivant" ?

2.1. L'évolution du vivant

Cette vision évolutive du vivant appliquée à la problématique de la biodiversité conduit à se poser la question du nombre d’espèces : pourquoi y en a-t-il probablement 10 millions plutôt que 100 ou une seule ? Comment en est-on arrivé à 10 millions ? 

La réponse se trouve dans la capacité d’adaptation de chaque organisme, c’est-à-dire dans son dialogue continu avec ce qui l’environne, à savoir les composantes chimiques et physiques de son milieu de vie ainsi qu’avec l’ensemble des organismes autour de lui. Les voies que peuvent prendre cette adaptation sont sélectionnées selon le principe de compromis (« trade-off » en anglais). Ce principe, absolument central en écologie, stipule qu’un organisme ne peut pas être au maximum de ses performances dans tous les domaines car il dispose d’une quantité de ressources (énergie, éléments constitutifs etc.) limitée, répartie entre diverses fonctions : recherche de nourriture, entretien des tissus, régulation thermique, croissance, reproduction, etc. Une quasi infinité de compromis sont possibles pourvu que les capacités de production de descendants soient préservées. En effet, à l’échelle des temps de l’évolution, l’investissement dans la longévité et la reproduction est déterminant du point de vue de la persistance de l’organisme : si l’investissement est fort, l’organisme prend de plus en plus de place, s’il est faible l’organisme régresse et est menacé d’extinction.

L’environnement physique et chimique des organismes, la nature et la disponibilité des ressources qui leur sont nécessaires, sont extrêmement variables dans le temps et dans l’espace. Imaginons un organisme initial adapté à un seul type d’environnement. Survient une mutation génétique, fruit du hasard, qui lui confère une nouvelle capacité physiologique, par exemple une meilleure capacité à lutter contre le froid, ou la rareté de l’eau, ou la faible teneur en oxygène, etc : l’organisme peut alors aller coloniser un autre milieu et avoir accès à de nouvelles ressources qui lui permettent d’assurer sa descendance. D’autres mutations peuvent se produire ultérieurement, qui confèrent d’autres avantages, générant ainsi des organismes de plus en plus différents de l’initial : la diversité du vivant s’accroit.