2. Les indicateurs : pour quoi faire ?

2.3. Un exercice complexe

La construction d’un indice synthétisant plusieurs dimensions reste un exercice très complexe car il convient que sa formulation ne rende pas substituables entre-elles des dimensions qui sont indépendantes.

Si on reprend l’exemple d’une analyse de cycle de vie dont on souhaiterait représenter les résultats par un score, il convient que la construction de celui-ci ne permette pas d’atteindre la même note avec deux stratégies :

  • l’une qui serait vertueuse en termes de gaz à effet de serre mais au détriment d’une dégradation de la qualité des eaux,
  • une autre qui réduirait moins les émissions de GES mais dégraderait moins la qualité des eaux.

En effet les deux problèmes environnementaux sont de nature différentes et cela ne fait aucun sens du point de vue de la biosphère d’en compenser un par un autre. Cet exemple illustre également le fait qu’une dégradation n’a pas forcément le même statut qu’une moindre amélioration (asymétrie entre gain et perte). Ainsi, sans même construire un indice qui agrège plusieurs dimensions, il est possible de choisir entre plusieurs stratégies en commençant par un tamisage de celles qui entraînent des dégradations d’une ou plusieurs dimensions afin de ne garder que les alternatives qui permettent l’amélioration de certaines dimensions du projet mais jamais au détriment d’autres.

C’est en suivant cette logique que l’Union Européenne, lorsqu’elle a établi la taxonomie qui allait permettre de définir les investissements cohérents avec sa politique de transition énergétique et écologique, a retenu le principe de «non préjudice important» afin de ne pas pouvoir retenir des investissements qui contribuerait à un ou plusieurs ODD mais au détriment réel d’un ou plusieurs autres.