2. La notion de croissance verte et de découplage

2.2. Quels objectifs ?

Un certain nombre d'auteurs pensent que la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre requise pour contenir l'élévation de la température de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels n'est plus compatible avec la croissance économique telle qu'on l'a connue durant tout le XXème siècle.

En fixant un objectif minimal d'une division par deux des émissions mondiales de CO2 à l'horizon 2050, l'économiste Michel Husson conclut par exemple qu'avec un rythme de réduction de l'intensité en CO2 de la production proche de celle que nous connaissons actuellement, l'horizon de la croissance nulle à 2050 est inévitable. Ce n'est que si l'intensité en CO2 diminuait drastiquement de 3 % par an, qu'une croissance, faible, serait envisageable (de l'ordre de +0,9% par an). Elle nécessiterait, dans ce cas, des investissements privés et publics considérables pour engager les sociétés dans une véritable transition écologique et sociale. Or, dans l'Accord de Paris, nous sommes bien au-delà d'une division par deux des émissions mondiales.

Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) est revenu sur la question du découplage dans un rapport publié en juillet 2020 intitulé Redresser le cap, Relancer la transition. Il indique que si le découplage relatif est avéré, le découplage absolu est atteint dans très peu de cas. Pourtant le HCC indique que les modèles économiques ne permettent pas d'évaluer l'impossibilité ou la faisabilité d'une croissance découplée des émissions. Il existe des modèles qui conjuguent croissance économique et atteinte des objectifs fixés par l'Accord de Paris. Pour y parvenir, ils ont recours à des innovations technologiques de rupture, comme la bioénergie avec captage et stockage de CO2, ou la possibilité de mettre en place des évolutions de comportements importants, comme par le biais de la dématérialisation. Le HCC conclut néanmoins qu'il est improbable d'obtenir des réductions d'émissions de GES suffisantes à court terme en ne comptant que sur un découplage des émissions et du PIB : il est nécessaire de compléter de telles mesures par des mesures de sobriété et un respect strict des objectifs quantitatifs de réduction d'émissions.