2. Au cœur de notre vie quotidienne

Pour répondre à leurs besoins (manger, se vêtir, se loger, se déplacer, se soigner, se divertir, …), les êtres humains mobilisent de l’énergie et transforment des matières premières pour produire des biens et des services (publics et privés).

Cette réalité requiert de coordonner de nombreux aspects : disponibilité des ressources (matières premières, énergies), accès et conditions d’accès à celles-ci, organisation de la production (des biens ou des services), mise à disposition pour l’utilisateur final.

Les modalités selon lesquelles nous extrayons ces matières premières et mobilisons cette énergie, les processus de fabrication que nous mettons en œuvre, les infrastructures que nous construisons (routes, bâtiments, réseaux énergétiques, …), l’usage même de biens et services, … viennent de fait modifier le monde. Ces modifications engendrent des dégradations de l’équilibre des milieux de vie (environnements terrestres et aquatiques, atmosphère donc climat, …) et de leurs habitants (vivant humain et non humain, donc toute la biodiversité).

Les organisations humaines - les entreprises notamment - doivent alors être mises face à leurs responsabilités pour, au mieux, éviter et prévenir les conséquences négatives ; au pire, restaurer autant que possible les milieux dégradés. L’enjeu n’est pas seulement d’assurer la pérennité de leurs activités, mais aussi et avant tout de préserver intrinsèquement la qualité des milieux et du vivant.

  • Si un livreur doit légalement tenir une comptabilité pour amortir l’achat de son camion et avoir ainsi une gestion pérenne de la dimension financière de son entreprise, il peut aussi comptabiliser les émissions de carbone de son entreprise pour prendre conscience des effets biophysiques de son activité sur le système climatique.
  • Si un agriculteur s’intéresse à la capacité de son sol à faire pousser la production végétale qui fait son chiffre d’affaires comptable annuel, il devrait aussi, pour être responsable de la dimension environnementale de son activité, comptabiliser non seulement le coût des intrants organiques destinés à fertiliser ce sol, mais l’impact de cette action de fertilisation sur la qualité des eaux qui rejoignent une rivière après s’être infiltrées dans son champs.
A noter
Cette approche porte le nom de “Double matérialité” (dans un sens : l’entreprise identifie en quoi ce qui lui est extérieur peut la concerner ; dans l’autre sens, l’entreprise identifie sa responsabilité vis-à-vis de ce qui lui est extérieur).

Afin d’assurer la pérennité à la fois des milieux de vie et des activités humaines, il est alors nécessaire de savoir, selon chaque contexte, définir ce à quoi il faut apporter un soin particulier.

La comptabilité est donc toujours une démarche politique puisqu’elle sert à faire des choix qui ont une influence sur la société. La comptabilité dite “écologique” a alors pour spécificité d’accompagner et faciliter les choix de gestion et de pilotage stratégique de l’organisation qui sont les plus compatibles avec la préservation de l’environnement et des êtres humains impactés par son activité.

L’objectif de ces différentes mesures consiste aussi bien à répondre à des obligations légales qu’à des nécessités de prise de décision et de dialogue avec les acteurs concernés directement et indirectement par les activités de l’organisation.