2. Au cœur de notre vie quotidienne

2.4. Passer à l’acte - Piloter l’action : une obligation quasi-légale

Pour contribuer à remédier à cette situation, l’Union Européenne a décidé (vote de la directive CSRD en décembre 2022 - transposition en cours dans les législations nationales à la date de rédaction de ce document - juillet 2023) d’augmenter ses exigences concernant le rapport extra-financier. Celui-ci a d’ailleurs été renommé Rapport de durabilité. Il définit désormais précisément le cadre et le contenu de celui-ci :

  • Comme précédemment, les entreprises concernées doivent indiquer comment elles prennent en compte l’état actuel du monde pour leurs propres activités ;
  • Nouveauté : il est maintenant requis qu’elles précisent les conséquences de leurs activités sur le monde dans lequel elles agissent.
Rappel
Cette approche porte le nom de “Double matérialité”Déf. (dans un sens : l’entreprise identifie en quoi ce qui lui est extérieur peut la concerner ; dans l’autre sens, l’entreprise identifie sa responsabilité vis-à-vis de ce qui lui est extérieur).

Autrement formulé, et à l’échelle des enjeux collectifs et planétaires déjà évoqués, il s’agit bien de renouveler le domaine d’application des fonctions historiques de la comptabilité pour y intégrer désormais ce qui reste encore aujourd’hui uniquement dans le rapport extra financier (ou de durabilité désormais) et ce, pour l’ensemble des entreprises et pas uniquement celles concernées par le dit rapport :

  • En redéfinissant ce à quoi les sociétés humaines tiennent et doivent donc prendre en compte à tous les échelons, y compris celui de l’entreprise
  • En reprécisant les responsabilités associées et attendues
  • En mesurant ce qu’il faut désormais compter au regard de ce qui est à prendre en compte
  • En identifiant les nouveaux acteurs à intégrer au rapport, à la décision et au dialogue

Au niveau de l’entreprise, l’élargissement de la comptabilité, et de sa rigueur, à ce qui compte vraiment, notamment les enjeux sociaux et environnementaux, lui permet :

  • D’identifier sa “consommation (responsabilité) écologique” (ex : pour ma production responsable de meubles, j’ai besoin de maintenir à tel niveau de qualité le milieu forestier dans lequel je préserve des arbres)
  • De programmer les coûts de préservation de ce milieu (ex : pour “reconstituer” les non seulement les arbres prélevés mais les fonctionnalités écosystémiques du milieu, il faut que je mette en œuvre non seulement un renouvellement des arbres mais un travail de génie écologique - je dois prévoir un coût de 100 cette année, 80 l’année prochaine, … montants fictifs utilisés uniquement par souci pédagogique)
  • D’aligner pilotage financier - fonctionnement réel (et rapport de durabilité pour celles qui sont concernées) en structurant les informations adaptées (ex : j’intègre dans mon pilotage financier le coût de préservation du milieu et des être vivants mobilisés)
  • De redonner du sens à l’action et à la prise de décision pour l’ensemble des acteurs impliqués (ex : nous contribuons à prendre soin de ce qui permet à notre organisation de fonctionner)
  • De construire des plans de transformations fiables économiquement et réalistes écologiquement, notamment pour l’évolution des métiers et des compétences.

C’est une démarche dynamique, qui s’inscrit dans la durée, l’apprentissage et le dialogue (interne et externe). “Réconcilier” le fonctionnement de l’entreprise avec les “contraintes” du monde bio-physique (= le monde dans lequel nous respirons, mangeons, … grâce à des cycles bio-géo-chimiques dont les êtres humains ont hérité de la lente évolution de la vie sur terre) constitue le préalable d’une approche en soutenabilité forteDéf. (= on ne peut pas remplacer une dégradation, humaine ou environnementale, par une quelconque compensation financière), gage d’une véritable durabilité d’une entreprise “réelle”, écologique, c’est-à-dire “en relation”.