2. Huzar, lanceur d'alerte au 19e siècle

Qui est Eugène Huzar ?

Il est né à Paris en 1820 et mort à Paris en 1890. Il a exercé le métier d’avocat. Dans son ouvrage La fin du monde par la science, publié en 1855, il s’inquiète des impacts produits par la science et la technologie sur les équilibres planétaires. Ses écrits ont eu un retentissement important lors de leur publication. Ils mélangent des prophéties délirantes avec des scénarios d’anticipations visionnaires (sur les émissions de CO2 liées à la combustion du charbon, et la déforestation par exemple).

Huzar considérait que « la force et l’orgueil de la science » (une science et une technologie conduites sans discernement) peuvent engendrer des catastrophes capables de compromettre la vie sur Terre.

Il a également publié L’arbre de la science en 1857.

Que faut-il percevoir de son œuvre ?

Ses écrits sont en fait le reflet des préoccupations et interrogations de son époque. Cela signifie qu’au début de l’ère industrielle, le milieu intellectuel et les décideurs avaient conscience des impacts que pourraient engendrer le déploiement massif de l’industrie, sur l’environnement au moins. Malgré tout, les choix d’industrialisation facilités par les progrès de la technologie, elle-même alimentée par les découvertes scientifiques, ont été maintenus et même amplifiés au cours du XXe siècle.

Faut-il en conclure que nous vivons dans le déni depuis 150 ans ?

A quoi nous amène-t-il à réfléchir ?

Ce type de texte pose la question générale de la place de la science dans la société, de son financement, de ses retombées qui échappent largement aux découvreurs et auteurs après leur appropriation par l’industrie, de sa perception par les citoyens, entre confiance aveugle et défiance obscurantiste.

Il conduit pêle-mêle aux questions suivantes :

  • Pouvons-nous distinguer une bonne et une mauvaise science ? Qui peut en décider et la réguler ?
  • Comment contrôler la trilogie science, technologie, industrie ?
  • La technoscience est-elle source de progrès, de bien-être pour les populations ?
  • La dégradation de l’environnement et des conditions de vie est-elle liée au développement de la technoscience ?
  • Les progrès futurs de la technoscience permettront-ils d’inverser la tendance ou au contraire continueront-ils à aggraver les problèmes ?
  • Etait-il possible de changer de trajectoire à la fin du 19ième siècle ? Sommes-nous en train de le faire aujourd’hui ?
  • Apprenons-nous vraiment des erreurs du passé en matière d’environnement ?
  • Existe-t-il des lanceurs d’alerte aujourd’hui encore dans le domaine des transitions ? Quel rôle jouent-ils ? Sont-ils entendus ?