2. Pourquoi étudier une controverse ancienne ?

Cette leçon cherche à illustrer ce qu’est une controverse scientifique à partir d’un exemple ancien puisé dans l’histoire des sciences, qu’on peut qualifier de controverse « éteinte », par opposition aux controverses « vives », encore d’actualité de nos jours. L’objectif est de montrer la façon dont la connaissance se construit, avec les limitations dues à l’état des connaissances du moment, mais aussi comment elle se renforce et se fiabilise grâce aux débats argumentés entre spécialistes qui contribuent à l’élaboration d’un consensus final.

Cette « fabrique du savoir » par accumulation et par modifications successives est souvent illustrée par l’image des nains sur les épaules des géants, popularisée par le titre d’une émission de France Inter : nous sommes comme des nains qui bénéficient de la perspective que nous offre notre position privilégiée sur les épaules de géants. Autrement dit, si notre vue (lire « notre connaissance ») porte plus loin, c’est d’abord parce que nous pouvons accéder à un point de vue plus élevé (= les épaules des géants qu’il faut voir comme les sommes de connaissances édifiées par les penseurs qui nous ont précédé) et pas parce que nous aurions des mérites exceptionnels.

Voir dans une controverse actuelle l’élaboration de la connaissance de demain est un exercice difficile tant les compétences nécessaires pour se forger une opinion sur les arguments en présence sont pointues. En revanche, il peut être intéressant de se pencher sur une question qui ne fait plus débat aujourd’hui mais qui a fait l’objet de disputes nourries par le passé pour comprendre ce que la controverse apporte à la science. L’exemple de l’âge de la Terre, qui ne fait plus débat désormais (hormis quelques résidus ridicules de lectures littérales de textes religieux dont ce n’est pourtant pas le propos !), est un bon exemple de question aujourd’hui apaisée alors qu’elle a été à l’origine d’une controverse virulente au XIXe siècle entre deux grands savants renommés de l’époque : Darwin et Kelvin.

La posture confortable d’observateur que nous procure le recul par rapport aux débats de l’époque ne doit pas nous faire oublier que nous n’aurions peut-être pas fait preuve de la même sagesse dans le feu de l’action… A méditer pour que les controverses en cours restent des opportunités d’accroître les connaissances et pas d’improductives batailles d’égos que la profusion de médias favorise tant de nos jours.