2. La représentation du monde depuis l'Antiquité

L'Antiquité grecque telle qu'elle nous est décrite par exemple par l'historien Jean-Pierre Vernant (dans "Mythe et pensée chez les Grecs") présente les caractéristiques suivantes :

La cosmologie grecque divise le Monde en deux parties :

  • le monde sublunaire, en dessous de la Lune, est le nôtre. Il est mouvant, soumis à la génération et à la corruption, et ne peut pour cette raison faire l'objet d'une science.
  • le monde céleste au contraire, formé de la Lune, du Soleil, des planètes, des étoiles est fixe et parfait. Lui seul peut faire l'objet, avec les Idées, d'une véritable science car il n'y a de science que celle qui connaît des objets immuables.

Il ne peut y avoir de rapprochement entre la science et la technique dans la mesure où la technique ne s'applique qu'à des réalités mouvantes et que la science ne peut s'intéresser qu'à des réalités immobiles. C'est ce qui explique ce que certains considèrent comme un « blocage de la pensée technique chez les Grecs ». Cette représentation du monde dans laquelle la Terre est au centre du monde, immobile pendant que les astres tournent autour d'elle selon des cercles concentriques constituera le système décrit par Ptolémée (ou géocentrisme) au deuxième siècle après JC et ne sera remis en cause qu'à partir du XVe siècle.

Dans l'Antiquité grecque, le temps n'est pas orienté mais cyclique, et ramène à échéances régulières les mêmes événements, il n'y a donc pas de progrès.

Il n'y a pas de séparation entre l'Humain et la Nature : la Nature n'est pas un objet face à un sujet qui a vocation à la transformer. L'humain n'est pas un créateur qui ajoute de la valeur à l'objet : il est juste un imitateur qui fait descendre une forme (l'Idée, l'Essence, qui est un modèle) dans une matière.

Complément : Claude Ptolémée et l'Almageste

Claude Ptolémée est un astronome grec qui a vécu au deuxième siècle après Jésus-Christ à Alexandrie. Il consigne dans l'"Almageste" l'ensemble des observations astronomiques de ses prédécesseurs et conforte le modèle géocentrique d'Hipparque, qui sera le modèle de référence jusqu'à sa remise en cause par Nicolas Copernic.

Il s'appuie sur les textes de Platon et d'Aristote : la Terre est une sphère qui est au centre de l'univers, immobile de lieu et de position. La Terre est entourée d'une sphère d'eau, d'une sphère d'air et d'une sphère de feu. Toutes ces sphères tournent de manière uniforme autour d'un même axe. Les mouvements des planètes (Soleil, Lune, mais pas la Terre) sont parfaits, donc concentriques. Comme Platon l'avait indiqué dans son Timée, il s'agit pour Ptolémée de « sauver les apparences » c'est-à-dire de construire un modèle qui explique les orbites chaotiques des planètes.