2. La raison et le progrès

Comme le XVIIe, le XVIIIe siècle occidental est placé sous le signe de la Raison et de ses instruments, les sciences et techniques, qui vont permettre des inventions de plus en plus efficaces. C'est donc le siècle de la foi dans le Progrès et dans la Raison. Selon Kant, l'Humain sort de sa minorité grâce à sa Raison. Grâce à celle-ci il lutte contre les illusions, les fables, les préjugés, la tradition, l'autorité. L'homme est capable de se donner à lui-même sa propre loi (d'être autonome).

Sapere aude : aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

— Kant

C'est Francis Bacon qui emploie le premier le terme de progrès non plus seulement dans son sens spatial (avancer) mais aussi dans son sens d'amélioration. L'idée d'un temps orienté (illustré par le judéo-christianisme et l'idée d'un début des temps et d'une fin des temps) au cours duquel les connaissances s'accumulent et se transmettent comme si l'humanité entière devenait plus intelligente s'impose.

C'est le sujet de l'ouvrage de Condorcet écrit en 1793 : "Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain". Le progrès est celui des connaissances, l'esprit humain progresse à travers les différentes époques qui vont de l'invention de la langue, puis de l'agriculture et de l'écriture, à celle de l'imprimerie, aux Lumières. Neuf époques sont passées, Condorcet imagine la dixième époque, l'avenir c'est un programme scientifique de maitrise de la nature et des mécanismes sociaux. Mais c'est aussi un projet moral car le progrès des connaissances va de pair avec le progrès moral.

Nos espérances sur l'état à venir de l'espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l'inégalité entre les nations ; les progrès de l'égalité dans un même peuple ; enfin le perfectionnement réel de l'homme.

— Condorcet