2. L'anthropocène : le procès de l'humanité

Avec les travaux scientifiques de plus en plus inquiétants sur le changement climatique et la perte de biodiversité, le procès de la rationalisation et de l'Occident s'est ouvert.

Une "autre histoire des Trente Glorieuses" commence à être écrite, qui montre que les bienfaits de la modernisation se sont aussi accompagnés de dégradations. C'est le verso de la médaille. La Révolution industrielle et les Trente Glorieuses se sont accompagnés d'une production industrielle énorme, d'une accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, d'extraction de ressources fossiles et minerais gigantesque et de quantités de déchets de plus en plus élevées.

Paul Crutzen forge le terme d'anthropocène, « l'ère de l'humain », à la fin du XXe siècle pour désigner une nouvelle époque géologique qui aurait débuté à la fin du XVIIIe siècle avec la révolution industrielle (Crutzen la fait débuter en l'an 1784, date de l'invention de la machine à vapeur) et succéderait ainsi à l'Holocène. Le terme d'Anthropocène vient du grec : (anthropos, « être humain ») et καινός (kainos, « nouveau », suffixe renvoyant à une époque géologique). L'Anthropocène serait donc la période durant laquelle l'être humain serait devenu une « force géologique » majeure. La période la plus récente de l'Anthropocène – depuis 1945 - est qualifiée de « Grande accélération » car elle se caractérise par l'augmentation accélérée de la concentration de CO2 et les tendances exponentielles de certaines courbes comme le met en évidence un très important article de Rockström et al. « A safe operating space for humanity » paru dans la revue Nature en 2009, qui liste les neuf limites planétaires dont certaines ont déjà été franchies.

Ces travaux recoupent de nombreux diagnostics réalisés depuis longtemps au XXe siècle, par exemple la mise en cause par Bertrand de Jouvenel de la volonté humaine de « Toujours plus », ou encore la cupidité qui pousserait l'humanité à mettre toujours plus la Nature en coupe réglée pour satisfaire ses besoins infinis.