2. Communs ? Vous avez dit communs ? Comme c'est bizarre !

2.2. Mettons en commun le commun

Parler des communs devient commun depuis la parution de l’article du biologiste américain Garrett HardinRéf. biblio. Puis, Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009, en proposa une formulation originaleRéf. biblio. Ainsi, par l’analyse d’expériences repérées partout sur la planète, elle montra que la surexploitation des communs préconisée par Hardin comme issue nécessaire de l’accès collectif à une ressource limitée, qu'il s'agisse de pâturages, de pêcheries ou de nappes phréatiques, peut être évitée dès lors que des utilisateurs s'organisent pour gérer le bien selon des règles de partage et de réciprocité. Ostrom relativise également le modèle de l’homo economicus et les fondements de la pensée libérale qui voit dans la propriété privée, individuelle et exclusive, le meilleur système d’allocation des ressources. 

Elinor Ostrom a mis en place un cadre d’analyse et de développement institutionnel destiné à l’observation des communs. De ses observations concrètes, elle a tiré huit principes d’agencement que l’on retrouve dans les situations qui assurent réellement la protection des communs dont ces communautés d’acteurs ont la charge :

  • des groupes aux frontières définies ;
  • des ressources délimitées ;
  • des règles régissant l’usage des biens collectifs qui répondent aux spécificités et besoins locaux ;
  • la capacité des individus concernés à les modifier ;
  • le respect de ces règles par les autorités extérieures ;
  • un système de contrôle du respect des règles par les membres de la communauté ;
  • la mise en place d’un système de sanctions graduées ;
  • l’accès à des mécanismes de résolution des conflits peu coûteux ;
  • des activités de gouvernance organisées en strates différentes et imbriquées (gouvernance polycentrique).

Pour comprendre et analyser, il sera donc indispensable d’explorer la pluralité des termes (communs, commun, biens communs, bien commun) utilisés dans les différents contextes disciplinaires et territoriaux actifs dans le débat sur les communs, caractérisés par une forte dimension pluridisciplinaire et internationale.

Comment s’orienter dans ce labyrinthe et saisir les éléments caractéristiques des communs et les distinguer des notions voisines ?