2. Communs ? Vous avez dit communs ? Comme c'est bizarre !

2.4. Ressources et savoirs en commun

La diffusion d’une économie de la connaissance et de l’information à l’échelle globale s’est accompagnée de l’extension du modèle propriétaire aux ressources ou objets d’activités de décryptage et de découverte (du génome aux logiciels). Cette tendance à une application généralisée de la propriété intellectuelle (copyright) à toutes connaissances a engendré, dès les années 1980, des pratiques alternatives vouées à favoriser la non-appropriation, le partage, le développement et la diffusion de contenus. En 1985 par exemple, Richard Stallman et Lawrence Lessig ont développé le Général Public Licence (GPL).

L’accent est alors mis sur les caractères et les fonctions propres des connaissances techniques et culturelles. Créés et destinés à la circulation auprès d’un public et produites collectivement à travers le processus constant de reprise, adaptation et amélioration, ces contenus demandent, afin d’inciter le travail de création qui permet le progrès culturel, une extension généralisée des droits d’auteurs. Ils se distinguent en cela du capitalisme cognitif, fondé sur l’appropriation par les acteurs économiques les plus puissants des résultats des processus de production de toutes sortes de données et de savoirs.

Les « commoners », eux, ne considèrent pas les codes informatiques ou les savoirs comme des biens en propriété, mais comme des ressources dont il faut protéger le libre accès afin d’en faciliter l'utilisation et l'amélioration collective. Ainsi, de nombreuses expériences (les mouvements dits Open Source, Wikipédia, Art Libre, Creative Commons) se développeront autour de ces communs numériques, s’inspirant de ces principes de collaboration et d’accessibilité.

C’est ainsi qu’avec des arguments, des objets et des pratiques diverses, les multiples acteurs du mouvement des communs participent de la même remise en question de la propriété en tant que paradigme dominant pour l’exploitation des ressources tant naturelles que culturelles, tant matérielles qu’immatérielles. Les communs sont en fait une critique de la propriété, privée comme publique.