2. De quoi s'agit-il ?

2.3. L'écocentrisme

Définition

Selon Aldo Leopold, dont le livre A Sand County Almanac (1949) est considéré comme l’acte fondateur de l’écocentrisme, « Une chose est juste lorsqu’elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est injuste lorsqu’elle tend à l’inverse » (Leopold, 1949). Alors que l’éthique biocentrique est déontologique et énonce des normes universelles, l’éthique du respect, la Land Ethic vise davantage à la non-intervention.

Pour A. Leopold, il faut penser en termes d’interdépendance des éléments d’un même système et l’appartenance à un ensemble (comme une montagne, par exemple). Chaque élément a des devoirs et des obligations découlant de l’appartenance à cette totalité.

Pour Baird Callicott, il y a à la fois une valeur diachroniqueDéf. et synchroniqueDéf. dans l’écocentrisme :

  • diachronique car l’écocentrisme s’inscrit en continuité avec la théorie de l’évolution de Darwin : tous les êtres vivants sont liés à une même histoire naturelle. Pour A. Leopold (1949), « l’Homme n’est qu’un compagnon voyageur d’autres espèces dans l’Odyssée de l’évolution » ;
  • synchronique car la science écologique étant « l’étude des relations des organismes entre eux et avec leur environnement naturel » (Callicott, 2021), l’écologie permet alors de penser le lien entre tous les membres d’une même communauté biotique, en dehors de leur évolution.

Critique

La Land Ethic est critiquée car elle vise un résultat global : une communauté mixte, la « communauté biotique », et ne prend pas en compte la valeur des individus. Elle sacrifie ainsi l’individu au profit de la communauté. Dès lors, cette vision érige l’être humain comme égal de tous les autres éléments de la communauté, alors même qu’il est la première cause de la destruction de l’intégrité de cette communauté biotique. L’éthique d’A. Leopold est conséquentialiste : la qualité d’une action juste ou non se mesure à ses conséquences sur la communauté mixte. Se comporter en écologiste, c’est intervenir à bon escient, et ne pas craindre de laisser sa marque (comme la coupe d’un arbre, par exemple).

Aussi, l’écocentrisme promeut un équilibre écosystémique des membres de la communauté biotique, alors que les développements récents de l’écologie se concentrent davantage sur une écologie de la perturbation plutôt que la recherche de l’équilibre.