2. De quoi s'agit-il ?

2.5. La notion de capabilité

Dans la lignée de ce travail d’incorporation des initiatives de la société civile dans les politiques environnementales, la mise en avant de la notion de capabilité dès la fin des années 1970 par Amartya Sen, Prix Nobel d’économie en 1998 permet de penser l’égalité à partir d’une liberté de choix et non plus d’un simple accès aux ressources.

Le concept de capabilité critique et prolonge une approche libérale de la justice développée par John Rawls : l’accès aux biens premiers, la levée du voile de l’ignorance et la délibération sur les règles d’équité ne suffisent pas à garantir la justice ; les individus doivent également pouvoir être en capacité d’effectuer les mêmes actions. À ce titre, la capabilité résulte d’une combinaison entre des inclinations personnelles, l’incorporation d’apprentissages par les individus, sur un plan cognitif ou physique, et les ressources extérieures dont ils disposent directement (moyens, biens, infrastructures), ou indirectement, en fonction des contextes sociopolitiques (politiques publiques, législation en vigueur, etc.). Ainsi, cette notion représente une possibilité d’agir et de faire des choix dépendants de fonctionnements désirés ou de biens jugés estimables.

Selon Blanc, Emelianoff et Rochard (2022), bien que l’expression conceptuelle de capabilité renvoie plutôt à une théorie libérale de liberté des choix, du champ des possibles ou d’une saisie d’opportunités par les individus, des travaux plus récents ont mis l’accent sur la dimension collective des capabilités.

  • Le premier rôle des collectifs est ainsi d’être des groupes d’interactions au sein desquels les débats et les possibilités offertes par l’échange et les constructions collectives jouent un rôle dans la définition des objectifs de l’individu et dans leur développement.
  • Un second rôle est de transformer des façons d’être en société, au travers de la réalisation de possibles, pour les individus en interaction dans ce groupe et avec leur environnement.