2. De l'atténuation à l'adaptation

2.3. Les composantes de l'adaptation

Dans son acception générale, l’adaptation recouvre 3 composantes :

  • l’évaluation de la vulnérabilité,
  • le renforcement des capacités, 
  • l’aménagement ou le ré-aménagement des territoires pour accroître la résilience. 

D’après Gemenne et Magnan Réf. biblio , il s’agit de penser des trajectoires innovantes pour répondre aux changements climatiques, ce qui nécessite des ajustements et des réajustements, un équilibre relatif entre ambitions de développement et contraintes environnementales, dans une logique de développement durable, avec la flexibilité pour prévoir les perturbations futures (capacité d’anticipation) et pour limiter les effets imprévisibles (accroître la résilience).

L’aménagement du territoire et l’urbanisme sont particulièrement concernés par l’adaptation. Il s’agit par exemple :

  • de concevoir des digues et autres infrastructures permettant de faire efficacement face à la hausse du niveau de la mer, 
  • de mieux réguler les flux de chaleur en végétalisant ou en revégétalisant les espaces (création d’îlots de fraicheur ou d’humidité), 
  • d’identifier les zones à risques d’inondations pour les réaménager ou les re-urbaniser en tenant compte des changements climatiques déjà avérés ou projetés. Le recalibrage ou le redimensionnement des infrastructures, ainsi que leur solidification, sont nécessaires. 

La gestion des ressources naturelles est aussi concernée :

  • dans le domaine de la foresterie par exemple, il s’agit, entre autres, d’enrichir les forêts avec des espèces adaptées (tolérantes à la sécheresse ou aux précipitations abondantes suivant les endroits et la distribution géographique des conséquences des changements climatiques) ; il s’agit aussi de développer l’agro-foresterie (associer les cultures vivrières et les arbres). 
  • dans le domaine de l’agriculture, il s’agit de modifier les systèmes de production en privilégiant les espèces adaptées afin d’ajuster les cycles culturaux et les calendriers agricoles pour tenir compte de la disponibilité ou de la raréfaction des ressources en eau. Le boisement ou le reboisement sont des leviers importants car ils accroissent le stockage ou la séquestration du dioxyde de carbone. De manière générale, une meilleure gestion des sols et des couverts végétaux renforce leur effet « puits de carbone » (capacité à absorber et à stocker le carbone). 

Sur le plan socio-économique, l’adaptation suppose des actions visant la réduction de la vulnérabilité des populations : résorption de la pauvreté et des inégalités, accroissement des capacités écologiques, etc.

L’adaptation, in fine, est intrinsèquement articulée d’une part avec la vulnérabilité (la réduire), et d’autre part avec la résilience (l’accroître, la renforcer), dans une perspective spatio-temporelle et multi-échelle. L’anticipation est au cœur de l’adaptation, car cette dernière doit tenir compte des conséquences non seulement actuelles, mais aussi futures, à long terme (2040, 2050, 2100, etc.). Or il est extrêmement difficile non seulement d’évaluer avec précision les conséquences actuelles, mais aussi de prévoir avec exactitude les conséquences futures et leurs retombées sur les sociétés et sur les territoires.

Trois types d’adaptation peuvent être distingués en fonction de l’intensité et de l’ampleur des actions Réf. biblio :

  • les actions d’ajustements ponctuels, consistant généralement en des mesures de réaction face aux impacts des changements climatiques (restrictions de l’utilisation des ressources, relogements, installation de ventilateurs, etc.) ;
  • les actions de transformations incrémentales ou progressives (changements de pratiques agricoles, nouvelles normes de construction, rénovation des bâtiments, évolution du droit de l’environnement et de l’urbanisme, etc.) ;
  • les actions d’adaptation transformationnelle, visant à modifier en profondeur et dans la globalité, de manière à s’attaquer aux causes structurelles de la vulnérabilité des espaces et des populations (réduction de la demande, transformation des systèmes de production, sobriété, réduction des inégalités, transformation de la gouvernance, etc.).

Lorsque des actions d’adaptation ne conduisent pas à la réduction envisagée des vulnérabilités, on parle de maladaptation. D’après le GIEC (2001), la maladaptation est une adaptation qui échoue à réduire la vulnérabilité et qui contribue même à l’accroître. Pour de nombreux experts, c’est « un processus d’adaptation qui résulte directement en un accroissement de la vulnérabilité à la variabilité et au changement climatiques et/ou en une altération des capacités et des opportunités actuelles et futures d’adaptation » Réf. biblio

Le dessalement de l’eau des mers, à l’aide d’une énergie non décarbonée (pétrole) et donc émettrice de gaz à effet de serre, ou l’utilisation des canons à neige consommant beaucoup d’eau, sont des exemples d’actions de maladaptation Réf. biblio. Ces actions aboutissent à des ajustements ponctuels qui maintiennent le statu quo ou aggravent le problème, alors qu’il serait indispensable d’engager des actions visant le changement des pratiques et la réduction de l’utilisation de l’eau.