2. Inégalités environnementales et sociales

2.1. Les inégalités, empreinte écologique, vulnérabilités

De multiples exemples illustrent l’association entre groupes dominants et avantages environnementaux, et leur capacité à fabriquer des normes, à confisquer les espaces et ressources valorisés, à générer des nuisances tout en évitant de s’y exposer, à réguler des contestations ou des crises tout en conservant leurs positions sociales et leurs accès aux biens environnementaux, alors que les groupes dominés subissent pénalités sociales et environnementales. L’environnement apparait alors comme une composante majeure des rapports sociaux de domination, ce qu’avaient bien montré, dès les années 1980, les activistes de l’environmental justice, les chercheurs de political ecology.Réf. biblioRéf. biblioRéf. biblioRéf. biblioRéf. biblio

Ainsi, à l’échelle globale, la comparaison des inégalités de développement et de l’empreinte écologique des pays oppose des États riches et puissants, à l’empreinte écologique élevée et ayant une responsabilité majeure dans le changement climatique, alors que les États pauvres et fragiles se distinguent par des modes de gestion des ressources naturelles comparativement plus soigneux, une responsabilité minime et une grande vulnérabilité face au changement climatique.

Atlas montrant l'empreinte écologique et le nombre d'habitants par pays

Source : World Mapper - Licence CC 4.0

Cette inégalité Nord / Sud est en partie un héritage du processus d’industrialisation, qui s’est poursuivi, étendu et accéléré avec la globalisation du capitalisme. Pour certains, le terme "anthropocène" devrait être remplacé par "capitalocène", car ce n’est pas un anthropos abstrait et universel qui serait à l’origine du changement climatique, mais bien certains États, et dans ces États les acteurs qui ont piloté ces dynamiques. Réf. biblio Réf. biblio

Ces États puissants sont aussi les moins vulnérables aux menaces de l’anthropocène, car capables, dans une certaine mesure, de soutenir des politiques d’atténuation et d’adaptation. Ils sont à l’initiative d’un ensemble de principes et de solutions techniques, supposés guider ces politiques : le développement durable, la protection de la biodiversité, la responsabilité sociale et environnementale, et aujourd’hui en France la justice climatique et la transition écologique et solidaire. 

Certains de ces principes ont été repris aux contestations venues des militants écologistes ou des mouvements de justice environnementale. L’Atlas en ligne de la justice environnementaleURL externe recense ainsi les protestations locales contre de grands équipements, présentés comme bénéfiques à l’échelle régionale ou nationale, mais générant des nuisances pour les écosystèmes et les populations voisines, qui souvent appartiennent à des groupes sociaux dominés : populations rurales peu denses et vieillissantes, agriculteurs fragilisés, minorités ethniques... Ces protestations sont bien plus nombreuses dans les pays puissants, ou émergents, et démocratiques que dans les États pauvres et fragiles.

Atlas mondial présentant avec des points colorés les différents types de conflits et luttes pour la justice environnementale

Source : Atlas des Conflits pour la Justice Environnementale