Géographie et géopolitique des COP
2. Géographie des COP
2.1. Portée politico-géographique du Protocole de Kyoto et de l’Accord de Paris
En tant que dispositif politique, le Protocole de Kyoto a organisé la lutte contre les changements climatiques sur la base du principe des responsabilités communes mais différenciées des États. Conformément à ce principe, seuls les pays développés et les pays alors en transition vers l’économie de marché (pays listés dans l’annexe B du protocole) ont été désignés pour limiter ou pour réduire leurs EGES. Il s’agit des pays listés dans l’annexe 1 de la CCNUCC. Avec l’objectif de réduire de 5,2% les EGES dans le monde à l’horizon 2012 en référence à l’année 1990, le Protocole était très peu ambitieux. Cette faible ambition est le reflet de la réticence des États à s’engager dans la lutte contre les changements climatiques durant les années 1990.
Ce Protocole est le résultat d’un compromis politique qui tenait compte de plusieurs facteurs :
- les réserves et le scepticisme de certains États (notamment les États-Unis),
- la volonté exprimée par d’autres États, notamment ceux de l’Union Européenne, compte tenu des capacités respectives des uns et des autres,
- les arbitrages entre le développement économique (source d’EGES) et les préoccupations relatives au réchauffement climatique.
Pour Gemenne (2021), ce protocole, traité « expérimental », était un « signal », une « impulsion » devant conduire à des engagements futurs plus ambitieux. Le contexte largement climato-sceptique des années 1990 et du début des années 2000 n’a pas favorisé le rehaussement des engagements des États, ce qui a conduit à l’inefficacité du Protocole, les réductions des EGES n’ayant pas été significatives. Des États se sont retirés du Protocole dès 2011 (Canada, puis Japon, Nouvelle Zélande, et Russie), refusant de s’engager pour la deuxième période (2012-2020) actée lors de la COP 18 et de la CMP 8 à Doha en 2012.
Sur le plan géographique, le Protocole de Kyoto a articulé la lutte contre les changements climatiques sur les mécanismes de flexibilité :
- les échanges de quotas d’émissions de gaz à effet de serre entre les pays développés (transactions ou marchés carbone),
- le Mécanisme pour un Développement Propre (MDP), qui a conduit à la délocalisation de la réduction des EGES dans les pays en développement, limitant ainsi leur réduction dans les pays développés, pourtant considérés comme les plus responsables,
- la Mise en Œuvre Conjointe (MOC), permettant aux pays de l’annexe B (pays développés) de coopérer entre eux pour réduire les EGES, par exemple avec des projets associant les pays de l’ex bloc de l’Est aux pays de l’ex bloc de l’Ouest.
En se déployant au travers de ces mécanismes de flexibilité, le Protocole a réactivé la bipolarisation ou le clivage Nord Sud dans le domaine de l’environnement (Tsayem, 2013). Les liens tissés par exemple entre la France et les pays en développement, pour réduire les EGES, sont représentés dans la figure ci-dessous.
Source : M. Tsayem Demaze