Quelles initiatives de la part de la société civile ?
2. L'implication des organisations de la société civile
2.1. Evolution des mobilisations
Depuis 2015, on assiste à une évolution majeure caractérisée par une multiplication des fronts de mobilisation, avec la multiplication des actions par le bas, sur le terrain. Ceci décentre le regard par rapport à l’arène onusienne, qui, pour les OSC, n’est plus l’alpha et l’oméga, ni le cœur ou le lieu névralgique de l’orchestration de la lutte contre les changements climatiques.
La nouvelle génération d’OSC (Just Stop Oil, Fridays for future, Extinction Rébellion) mise sur la pression sur des décideurs, sur des entreprises, sur des acteurs « clés », en politisant et en radicalisant le débat, parfois sur la base des rapports du GIEC, soulignant ainsi l’importance de la prise en compte des travaux scientifiques.
Parallèlement aux actions (grèves pour le climat, blocages et sit in, coups d’éclat, etc.), d’autres organisations de la société civile, plus anciennes et/ou plus structurées, judiciarisent la lutte contre les changements climatiques, en portant plainte contre des États. C’est ce qui s’est passé par exemple en France, avec l’Affaire du Siècle, procédure judiciaire inédite engagée en 2018 contre l’État français, accusé d’inaction climatique, par quatre ONG (Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France). Trois de ces ONG (Notre Affaire à Tous, Greenpeace France et Oxfam France) poursuivent l’action judiciaire en demandant des réparations à l’État français, reconnu coupable d’actions insuffisantes par rapport à ses engagements pour le climat.
De COP en COP, des liens et des interconnexions sont déployés entre les États, leurs coalitions et les OSC, ce qui entraine l’hybridation des arènes et des négociations, avec la circulation des concepts entre l’arène principale et les arènes subsidiaires. Les demandes de justice climatique et de compensation pour les pertes et les dommages subies par des États et des populations déjà victimes des changements climatiques ont émergé dans des arènes subsidiaires au cours des années 2000. Elles ont ensuite été prises en compte dans l’arène principale, en 2015, dans l’Accord de Paris, qui mentionne la justice climatique dans le préambule, et consacre plusieurs passages de l’Accord aux pertes et dommages.