2. Les modèles alternatifs d'organisation

2.1. Quelles sont les difficultés ?

Une première difficulté est d’ordre sémantique. Un mot peut avoir plusieurs sens et un sens peut être indiqué de différentes manières. Croissance, décroissance, sobriété ou modernisation écologique peuvent chacun être compris de manière différente suivant les personnes ou groupes auxquels nous nous adressons.

Une seconde difficulté est similaire à celle rencontrée avec les idéologies politiques. Elle est d’ordre rhétorique. Chaque direction est brandie par des acteurs qui cherchent à convaincre du bien-fondé de leur voie, et à discréditer les autres, à la manière de la politique politicienne. Les grandes directions ne se donnent qu’en faisant l’effort de clarifier les objectifs réellement recherchés, derrière les formules et mots d’ordre séduisants, qui éblouissent parfois plus qu’ils n’éclairent.

La troisième difficulté est la « récupération » des mots d’ordre par les uns et par les autres, ou les promesses non tenues. Le « développement durable », à force d’être utilisé pour désigner tout et n’importe quoi, dans l’espace public, a perdu son sens, par exemple, ce qui ne veut pas dire que les textes adoptés à l’échelle internationale aient perdu de leur pertinence.

Une quatrième difficulté est que la situation est aujourd’hui moins claire qu’elle ne l’était à l’époque de la guerre froide, quand deux modèles s’affrontaient : capitaliste et socialiste. Ce résumé impliquait d’ailleurs d’exclure de la grille d’analyse les nombreuses expérimentations qui avaient lieu dans le « tiers-monde », entendu comme désignant les ensembles politiques échappant à la confrontation des deux puissances principales ; l’expression consacrée aujourd’hui est plutôt celle de « Sud global ». Le tiers-monde était considéré comme suiveur. Les différentes voies se cherchent, aucune ne propose de modèle entièrement fermé.